I am particularly fascinated by his gemmail from his Self-Portrait of Autumn 1901. The gemmail brings a luminous glow to the blues that surround the face, further accentuating the contrast with the illuminated skin which, paradoxically, ages this portrait even more. This recomposition in gemmail, half a century after the original, is not just a repetition of the past, but the very look, in all its acuity, that the seventy-five year old Picasso has on the frightening precocity of his twenties. If I were given the chance to start my 1901 catalog again, I would follow the original with this 1955 recomposition in Gemmail.
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Je suis particulièrement fasciné par son gemmail de son Autoportrait de l’automne 1901. Le gemmail apporte un éclat lumineux aux bleus qui cernent le visage, accentuant d’autant le contraste avec la peau illuminée qui, paradoxalement, vieillit encore davantage ce portrait. Cette recomposition en gemmail, un demi-siècle après l’original, n’est pas un retour complaisant en arrière, mais le regard même, dans toute son acuité, que le Picasso de soixante-quinze ans porte sur la précocité effrayante de ses vingt ans. S’il m’était donné de recommencer mon catalogue de 1901, je ferais suivre l’original de cette recomposition de 1955.
The same applies to the Portrait of Marie-Thérèse, which the original painting of January 6, 1937, was still at his possession at that time and is now in the Picasso Museum in Paris. The translation into gemmail darkens the contrasts, but enhances them, closing in even more on the young woman the geometry of her confinement, the anxiety that can be found in the portraits of the period of the Nazi occupation. In January 1937, after the cruelty of the first bombings of civilians in Europe and in Madrid, Picasso already painted his anxiety in front of the mother of Maya, his little girl. When he took it up again in gemmaux, after all he knew of the war, everything became more harder, the feeling of confinement, the blue of the hands and the shadows.
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Il en va de même du Portrait de Marie-Thérèse, dont l’original du 6 janvier 1937, toujours conservé par lui, est aujourd’hui au Musée Picasso de Paris. La traduction en gemmail assombrit les contrastes, mais les rehausse, cloitrant encore d’avantage sur la jeune femme la géométrie de son enfermement, l’inquiétude qu’on va retrouver dans les portraits de la période de l’occupation nazie. En janvier 1937, après la cruauté des premiers bombardements de civils en Europe à Madrid, Picasso peignait déjà son inquiétude devant la mère de Maya, sa fillette. En la reprenant en gemmaux, après tout ce qu’il sait de la guerre, tout s’y durcit encore, la sensation d’enfermement, le bleu des mains et des ombres.
This is how his translations in gemmaux are in fact so many rereadings, recreations of choices made in his work and revisited. He purposely seizes his unsurpassable successes, from Gosol's Adolescents in 1906, to the most daring Sylvette, the young girl with the ponytail in 1954. Nothing resists him, but nothing is quite the same either. The genius is there for whom every new day is a new day for his art. The invention of the gemmaux was thus for Picasso an incomparable opportunity to revisit, in the fullness of his age, about fifty of his paintings that were most dear to him.
Pierre Daix
C’est ainsi que ses traductions en gemmaux sont en fait autant de relectures, de recréations de choix opérés dans son œuvre et revisités. Il s’empare exprès de ses réussites insurpassables, les Adolescents ocres de Gosol en 1906, à la plus effrontée des Sylvette, la jeune fille à la queue de cheval de 1954. Rien ne lui résiste, mais rien non plus n’est tout à fait pareil. Le génie est là pour qui, chaque nouveau jour, est un nouveau jour pour son art. L’invention des gemmaux a été ainsi pour Picasso une occasion incomparable de revisiter, en la plénitude de son âge, une cinquantaine de ses peintures qui lui tenaient le plus à cœur.
Pierre Daix